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La culture par une nulle
14 juillet 2013

14 juillet à l'Elysée : une France trop pessimiste pour un président trop optimiste

C'était l'interview tant attendue dans un contexte économique et politique plus que tendu et une désaffection de plus en plus grandissante des Français envers le gouvernement. Malheureusement, l'entretien mené par Claire Chazal et Laurent Delahousse a très peu apporté, si ce n'est l'image d'un président fuyant les sujets fâcheux et faisant miroiter un Eden à la française...

Trente-cinq minutes...ce temps peut paraître long pour une interview mais vu le contexte économique et politique de la France, cela a paru fort court pour développer les sujets qui préoccupent les Français. Cependant, pas sûr que des minutes supplémentaires auraient permis d'en savoir davantage tellement le président a apporté peu de nouvelles réponses.

Ne soyez pas pessimistes, la "reprise est là"!

Passés les sujets d'actualité récente, le drame de Brétigny et le budget de la Défense, Claire Chazal et Laurent Delahousse se sont attaqués directement à la question du chômage et de l'emploi et au peu d'efficacité du gouvernement à ce sujet; "Je me bats", "la politique, ce n'est pas de la magie[|...], c'est de la volonté, [...], de la cohésion". François Hollande insiste sur le fait que le retour à l'emploi est un travail de longue haleine mais que la France est sur le bon chemin. Pourtant, Laurent Delahousse lui précise rapidement que la croissance est en berne et que Bercy ne table que sur +0,2% de croissance au 2e trimestre 2013. C'est à ce moment là qu'on assiste à un discours qui a dû surprendre plus d'une personne regardant l'interview : "La reprise est là". Pour le président, la production industrielle repart, la consommation connaît également une "petite" reprise. Et surtout, il insiste sur le fait que "pour qu'il y ait de la croissance, il faut de la confiance". En gros, les Français doivent avoir confiance envers le gouvernement et ses projets pour que l'économie reparte. Alors que le président est au plus bas dans les sondages (je ne parle même pas des sifflements pendant le défilé...), il appelle à nouveau les Français à croire en lui. Malheureusement, les Français sont comme saint Thomas, ils ne croient qu'à ce qu'ils voient... Pour enfoncer davantage son impopularité, François Hollande fait remarquer plus loin que la France est un pays pessimiste, "l'un des plus pessimistes au monde" et qu'il faut se battre contre cela.

Deux quinquennats pour développer le "sérieux budgétaire"

Concernant les impôts, François Hollande a botté quelques minutes en touche pour ne pas annoncer de manière brutale les augmentations. Il a préféré, au départ, signaler qu'il a demandé "le plus d'économies possibles". Il a mis aussi en avant ce terme, si à la mode chez les socialistes actuellement, de "sérieux budgétaire", euphémisme pour parler de rigueur. Il s'engage d'ailleurs à ce qu'il y ait moins de dépenses en 2014 qu'en 2013. Puis, relancés par les journalistes, le président n'a plus le choix d'annoncer la couleur : "oui, nous avons des financements à trouver"...comprenez, il faut augmenter les impôts...tout en précisant qu'il comptait y avoir recours le moins possible. Sur la question des impôts vient le second discours surprenant de François Hollande : l'équilibre budgétaire sera établi dans les dix ans, "après moi". Le président s'imagine donc déjà dans un second quinquennat, faisant fi de son impopularité...il n'y a pas à dire, contrairement aux Français, lui est très (trop?) optimiste!

La question des retraites a évidemment été aussi abordée. Le président a insisté sur la nécessité d'une réforme "à faire dans le dialogue" même s'il avoue que les partenaires sociaux ne sont pas forcément enclins à la discussion. L'allongement de la durée de la vie et l'ardoise de 20 milliards d'euros de déficit des caisses de retraite en 2020 sont la raison qui explique pour lui la nécessité d'allonger progressivement la durée de cotisation. L'allongement de l'âge d'entrée à le retraite n'est pas une solution pour lui car elle est injuste pour ceux ayant commencé à travailler très tôt.

Dans la majorité? Tout va bien madame la Marquise.

Bien évidemment, les questions purement politiques ont été abordées. Tout d'abord, l'éventuel retour de Nicolas Sarkozy : "S'il veut revenir, il a tout à fait le droit" se contente-t-il de dire à ce sujet. Prudent, aucune autre remarque n'est faite hormis le fait qu'il estime qu'il faut respecter les décisions du Conseil Constitutionnel.

Concernant les différents scandales politiques, il confesse que "ça abîme la République" mais insiste sur le fait qu'il faut éviter d'imaginer à chaque fois qu'il y a un complot politique derrière chaque intervention de la justice. Pour le reste : "je ne fais pas de commentaires".

Lorsque les dissensions au sein du gouvernement sont abordées, François Hollande affirme "il n'y a pas d'impunité ou de statut particulier dans le gouvernement". Si Delphine Batho, "femme de qualité", est exclue du gouvernement contrairement à Arnaud Montebourg, c'est parce que les critiques sur le budget sont la limite à ne pas franchir...argument assez faiblard... Quand à Manuel Valls, il félicite son discours de soutien au gouvernement. Une phrase permet cependant de voir que le président sait que sa majorité est très fragile : "pour réussir, il faut être à mes côtés". Ce sera aussi très certainement l'argument avancé en cas d'échec de sa politique (ce n'est pas de ma faute mais celle de mes ministres).

La montée du Front National l'inquiète. Il évoque d'ailleurs par trois fois l'expression "extrême gravité", sans pour autant donner de plan pour lutter contre.

Au final, on ressort de cette interview avec le sentiment que le président n'a pas compris ou ne veut pas comprendre les inquiétudes des Français. Il semble enfermer dans un monde des Bisounours où tout va s'arranger, pourvu qu'on lui fasse confiance. "Je veux qu'on puisse dire que j'ai permis de faire avancer le pays" : ce n'est pas encore gagné..

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