Trappes : propos sur la violence et violence des propos

Huit jours après l'affaire des caillassages et vols de Brétigny, la communauté politique et web s'enflamme pour les émeutes à Trappes vendredi soir. Une fois de plus, le web et surtout les réseaux sociaux se font l'écho des propos les plus virulents...à se demander si la violence ne s'est pas diffusée de Trappes sur la France entière en un clic.

Vendredi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées autour du commissariat de Trappes et des violences ont éclaté : abris de bus saccagés, jets de pierre, poubelles incendiées... les émeutes ont duré jusqu'à 2 heures du matin. L'origine de ces violences : l'interpellation d'un homme s'opposant au contrôle par la police de son épouse voilée. Du moins, c'est la raison évoquée par les autorités car, comme pour Brétigny, différentes versions des faits existent. Pour le CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France), la police aurait eu des propos racistes à l'encontre du mari et aurait été violente avec la mère de la femme voilée. Une fois de plus, le vrai-faux bat son plein et chaque camp défend bec et ongle sa position...difficile de s'y retrouver et de se faire un avis? Il faut croire que non car les événements ont suscité un tsunami de réactions diverses et variées.

Chez les politiques : "ce n'est pas de ma faute mais de la sienne!"

Penchons-nous tout d'abord sur le microcosme politique. Les responsables de droite ont très rapidement réagi pour jeter la responsabilité des émeutes sur le gouvernement. Christian Estrosi invite le gouvernement "à réagir et à ne plus faire preuve de laxisme". Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes a tweeté plusieurs fois pour affirmer que la République devait être"implacable contre la violence communautaire" et pour soupçonner Manuel Valls de dissimuler la montée de la violence. Enfin, pour Valérie Boyer, "le gouvernement ne maîtrise plus la situation et a perdu toute crédibilité".

La majorité a bien évidemment répondu à ces propos. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, en déplacement à Marseille, autre lieu sensible, a affirmé qu'"aucune raison ne justifie ces violences, elles sont inacceptables" . Benoît Hamon, ancien élu de la circonscription où se situe Trappes, a signalé que "le devoir de l'Etat est de faire respecter la loi républicaine partout sur le territoire national et d'être intransigeant tant vis-à-vis des violences contre les policiers que vis-à-vis des actes de racisme qui se sont succédé ces dernières semaines" . Ces propos peuvent sembler assez mesurés mais certains vont plus loin comme Jean-Christophe Cambadélis qui, sur son blog, estime que le port du niqab est une provocation, que ces émeutes sont "le symptôme d'une France qui craque" et surtout que "la cohésion française abîmée par le sarkozisme est achevée par la relégation urbaine". Enfin, il affirme que ce climat est favorable à la montée du Front National.

Justement, le Front National n'est évidemment pas resté silencieux. Tout comme pour les événements de Brétigny, Marine Le Pen a fait un communiqué de presse, diffusé sur le site du parti.

Elle qualifie les émeutiers de "voyoux déchaînés" qui veulent montrer qu'ils contrôlent "des pans entiers du territoire national". Elle renvoie dos-à-dos la responsabilité aux gouvernements de l'UMP comme du PS. Ces événements seraient liés "à la montée du communautarisme délétère exacerbé par une immigration de masse". La fin du communiqué ressemble à une véritable déclaration de guerre quand on lit les mots "taper du poing", "reconquête par la loi [...] du territoire". Elle conclue par : "la seule loi en France est la loi française, et non la loi islamiste ou la loi des racailles!".

Toute la classe politique est en ébullition face à ces émeutes mais, tous ces propos que je rapporte depuis le début font figure de paroles d'enfants de choeur. La virulence des propos est infiniment plus forte chez les "anonymes" du net. Cachée derrière les ordinateurs ou smartphones, la communauté web française va beaucoup plus loin, que ce soit sur Twitter ou en commentaires des articles de presse.

Déferlement de haine des deux camps sur Twitter

Petit florilège, déniché sur Twitter, non exhaustif (et sûrement pas les plus virulents) :

• "Je reprend mon sujet ..ET VS LES POLITIQUES A PART SE REMPLIR LES POCHES VS FAITS QUOI POUR C RACAILLES ??#GenerationMerah#TRAPPES" (notez au passage la référence à Mohamed Merah...quel rapport?)

• "Moi je pense qu'il faut mettre la violence dans les banlieues "A la#trappes "!"

• "le ramadan c'est pas une excuse. Si t'es pas capable de te soumettre aux lois du pays qui t'accueilles tu vires. #Trappes#LT "

• "En refusant de punir la racaille, le gouvernement condamne les honnêtes gens. #PS#Trappes "

• "Les commentaires sur #Trappes sont xénophobes. Les émeutiers eux ils le sont pas du tout, tu penses bien, ils respirent l'amour de l'Autre. "

• "A la base j'avais envie de condamner les violences de #trappes mais quand je vois les tweet raciste je suis oblige de les défendre c trop "

• "#Trappes Tombé cette nuit a 2h heure du Matin, "Heure Française", aux mains des rebelles !... "

• "Mais a #Trappes il y'a pas de français donc ça ne dérange personne ! Et pratiquement toute les soeur porte le voile integrale donc "

• "bravo #Trappes vous incitez à voter FN, continuez à tout casser#Marine va vous dire merci ^^ "

• "S'il y a encore des musulmans modérés, qu'ils aillent faire de l'ordre chez leurs coreligionnaires ! #trappes "

Mais, le gagnant du tweet ayant fait le plus de buzz sur Twitter est...Brice Serrano!!! Ce jeune militant UMP de Livry-Gargan a eu le malheur de tweeter ceci : "Buttez-moi (sic) ces m...s, envoyez l'armée #Trappes"

Là encore, le tweet a suscité des réactions nombreuses, certains l'accusant d'être comme le FN. Bizarrement, le compte semble avoir été clôturé quelque temps plus tard...erreur de manipulation ou propos non assumés?

Décidément, la canicule ne réchauffe pas que les corps mais échauffe aussi les esprits. On peut aussi se demander si les médias, notamment les chaînes info en continu ne font pas qu'alimenter ce brasier en passant leur temps à commenter les événements. Au secours les pompiers, la France est en feu...