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La culture par une nulle
31 août 2013

Qui veut la peau des baby-boomers?

Mardi 27 août, suite à une réunion à Matignon avec les partenaires sociaux, Jean-Marc Ayrault a donné les grandes lignes de sa réforme des retraites. Les principales mesures ont été vite relayées par la presse et plusieurs articles sur le conflit des générations se sont multipliés, suscitant de nombreux et virulents commentaires à l'encontre de baby-boomers retraités ou futurs retraités.

Après plusieurs hésitations et un vain suspense au 20h de Marie Drucker le dimanche 25 août, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dévoilé le mardi suivant les grandes lignes de sa réforme des retraites, la énième en quelques années. Il a confirmé l'allongement progressif de la durée de cotisations pour un départ à taux plein et la création d'un compte pénibilité du travail qui pourrait concerner à l'avenir près d'un Français sur cinq. S'agissant du mode de financement, la hausse des cotisations sociales payées par les entreprises et salariés a été préférée à la CSG. Certains retraités voient leur "bonus" attribué pour trois enfants soumis à l'impôt sur le revenu. En revanche, rien n'est prévu sur l'alignement du calcul des pensions du public sur le privé ni sur l'âge légal de départ à la retraite qui reste à 62 ans.

Passés les articles descriptifs sur ces mesures, la presse a très rapidement orienté ses articles sur le possible conflit générationnel lié à cette réforme. Le 20 Minutes se pose la question d'une réforme anti-jeunes tandis qu'Atlanticosous la plume d'Eric Verhaeghe n'hésite pas à titrer : "Chers retraités, on vous aime, mais pouvez-vous ouvrir les yeux sur ces avantages qui sont autant de contraintes pour les générations suivantes?". Certains blogs de presse ont aussi suivi le pas comme cet article d'un blog du Monde rédigé par le banquier Georges Ugeux. Enfin, Twitter a aussi eu sa part de tweets sur le conflit générationnel et les baby-boomers dont le journaliste du MondeSamuel Laurent a participé. Mais, comme bien souvent, le plus intéressant n'est pas forcément ce que disent les hommes politiques ou la presse mais plutôt les gens qui la commentent...et beaucoup n'y vont pas par quatre chemins...

Le « hold-up » des « égoïstes » baby-boomers.

La "star" des commentaires, c'est la génération du baby-boom et les critiques fusent à son encontre. Le mot "égoïsme" revient très fréquemment et les commentaires soulignent leur chance d'avoir eu le plein emploi, un immobilier peu cher mais aussi d'avoir rendu le pays exsangue :

  • "Je trouve qu'il s'agit d'une génération d'égoïstes car ils ont largement vécu au-dessus de leur moyen en nous laissant des dettes à payer. Ils nous laissent un pays désorganisé plein d'insécurité. Ils nous laissent des villes et leurs périphéries défigurées"

  • "Cette génération égoïste en a profité pour casser le système social français, en profitant des largesses que leur permettaient les Trente Glorieuses. Les baby-boomers ont eu le plein emploi, ils ont pu acheter leur domicile à des prix dérisoires, ils pouvaient avoir un travail sans en avoir les qualifications, n'ont pas cotisé à hauteur de ce que la situation démographique requérait et ils nous demandent de financer leur folie?"

  • "Ces gens n'ont jamais respecté les jeunes, jamais ils n'ont pensé au fardeau qu'ils nous ont laissé, jamais ils n'ont pensé à la tombe qu'ils nous ont creusé. Alors oui, il y a conflit générationnel, bien plus important qu'ils ne peuvent le penser."

Certains précisent que ce sont justement des baby-boomers qui sont à l'origine de ces réformes des retraites « avantageuses » :« On doit s'endetter toujours plus pour une génération […] de gérontocrates qui laisse la France crever en squattant les places dirigeantes alors qu'ils sont complètement dépassés par le monde qui les entoure ».

L'attitude des baby-boomers envers la jeune génération serait également bonne à mettre au pilori :

  • « Le pire : ils se permettent de nous donner des leçons et de nous traiter d'ingrats. Quand ils lâchent un peu d'argent on doit leur être redevable et reconnaissant car bien sûr ils ne sont pas obligés »

  • « Ah oui j'oubliais le désormais célèbre « J'ai cotisé pour ma retraite, j'y ai droit ». En plus ils sont incultes et ignares du fonctionnement de celle-ci (bah non t'as payé celle de tes parents et ils étaient moins nombreux) ».

Face à ce constat dressé, certains pensent que les retraités doivent contribuer davantage à la réforme afin de la sauver :

  • « Si la situation ne se décante pas, il va falloir que les retraités crachent au bassinet. Notre génération n'acceptera pas de cravacher pour des nantis ! »

  • « La solution est simple : il s'agit simplement de baisser les retraites des baby-boomers pour équilibrer les comptes, c'est eux qui sont trop nombreux et n'ont pas prévu de fond de réserve. A eux d'assumer une part du financement ».

Halte à la manipulation politico-médiatique contre les baby-boomers

Suite à toutes ces critiques assassines, certains s'insurgent et précisent que les baby-boomers n'ont pas forcément eu la vie rose (plus d'heures de travail par semaine, moins de congés, des conditions de travail plus pénibles) et qu'ils aident souvent financièrement : « Mais sur quelle planète vivez-vous pour déverser tant de haine à l'égard des retraités actuels ? De nouveaux boucs émissaires ? Savez-vous que nombre d'entre-eux prélèvent sur leur pension les sommes nécessaires à l'accompagnement de leurs propres parents âgés voire très âgés ? De leurs enfants au chômage ? De leurs petits-enfants étudiants ? […] Où est l'injustice ? Où est l'égoïsme ? ».

Plusieurs commentateurs crient aussi à la manipulation médiatique voire politique de ce conflit générationnel :

  • « Avec un article pareil, c'est vous qui créez le conflit des générations. Mais c'est la tactique actuellement : dresser les gens les uns contre les autres, les misérables contre les pauvres, les pauvres contre les moins pauvres, les « privés » contre le « public », le citoyen lambda contre le fonctionnaire, chacun devenant le bouc émissaire de l'autre... »

  • « Je vois dans ces commentaires beaucoup de haine [...] ce n'est pas nouveau et la propagande de certains médias et politiques fonctionne à merveille ! Mais toutes ces personnes critiquant tel ou tel système, le connaissent-ils vraiment ou répètent-ils bêtement ce qu'on leur sert tous les jours dans les médias ? »

Enfin, certains préfèrent pointer du doigt les incohérences des réformes :

  • « La question de l'âge de départ à la retraite me semble une vraie fumisterie […] : les entreprises jettent les plus de 45/50 ans à la pelle. […] Cela ne fait que remplacer les retraites par des indemnités chômage ».

  • « Juste une remarque, c'est la génération des baby-boomers qui pose problème car trop nombreuse. Alors, pourquoi faire des lois pour 2035 ? La génération de 1945 aura alors 90 ans et à cette date, c'est celle de 1975 qui attendra les 60 ans, 1975, ce n'est plus le baby-boom ».

Quoiqu'il en soit, peu de personnes remettent en cause malgré tout le système de répartition. Certains pensent qu'une part de capitalisation serait nécessaire mais pas du tout une bonne solution à généraliser et encore moins à remplacer au système actuel. Certains ayant travaillé à l'étranger dans des systèmes de retraites différents du nôtre montrent souvent les dangers de la capitalisation et estiment que le système français reste l'un des meilleurs même en ces périodes de réformes...

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