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La culture par une nulle
5 novembre 2013

Et revoilà les rythmes scolaires!!!

Hier c'était la rentrée des classes après les deux semaines de Toussaint et, pas loupé, les rythmes scolaires ont refait parler d'eux aussitôt. Cette rengaine cache cependant des malaises dans l'Education Nationale bien plus importants comme le niveau scolaire.

Après deux semaines de trêve, la hache de guerre des rythmes scolaires est à nouveau déterrée. Vincent Peillon avait anticipé ce boomerang en allant faire un bilan de sa réforme lors de la visite du groupe scolaire Jean Zay à Torcy (77). Alors qu'il était jusqu'à présent ferme sur sa décision, le ministre semble juger nécessaire des aménagements, du moins en maternelle. Il faut dire qu'au-delà des simples critiques sur la fatigue des enfants, le manque de moyens et la difficulté de mettre des animations en place, Vincent Peillon doit faire face à une seconde commune ayant suspendu la semaine de quatre jours et demi (commune de Boves dans la Somme, après celle de Crillon dans l'Oise) et à un appel à la grève des enseignants le 14 novembre.

Depuis le début, certains arguments utilisés à l'encontre de la réforme ne sont pas forcément les meilleurs. Concernant les activités des enfants en dehors du cercle scolaire, certains journalistes ont pointé (il y en a eu peu d'ailleurs) le fait que c'était surtout les classes sociales les plus aisées qui s'en plaignaient le plus et comme ce sont elles qui sont le plus facilement mises en avant, leur opinion est plus médiatisée. Concernant la fatigue, elle est difficilement mesurable et sujette à l'appréciation des parents et non des enfants eux-même. Aucune étude sérieuse n'a été faite. Il convient de noter que certains enfants, qui ne travaillent pas le mercredi, se lèvent tout de même de bonne heure pour aller en centre pendant que les parents travaillent. On pourrait jouer les mauvaises langues et dire que la fatigue peut être non liée à l'école mais aux habitudes de la maison (couché trop tardif, week-end trop chargé...)...quitte à faire dans la démagogie, autant le faire jusqu'au bout!

Démerdez-vous!!

Cependant, il est clair que cette réforme est mauvaise, pas forcément sur le fond mais sur la forme. Tout d'abord, elle a été mise en place trop rapidement et cela même si elle n'avait pas un caractère obligatoire cette année. Elle est inégalitaire car les communes les plus pauvres ne peuvent qu'offrir une garderie alors qu'une commune riche peut mettre en place des activités nombreuses et variées. Mais, surtout, cette réforme a été balancée sans préparation, sans accompagnement (ne parlons pas de la misérable aide financière pour les communes), à l'appréciation des communes (en gros, démerdez-vous!). Quand ma commune a envisagé le passage à la réforme (pour finalement la reporter à la rentrée 2014 comme 78% des communes), on nous avait envoyé deux emplois du temps à choisir pour les enfants (au passage, est-ce uniquement aux parents de choisir? Les enseignants n'ont pas leur mot à dire?) et l'un d'entre-eux proposait une pause méridienne plus longue pour finalement une sortie d'école comme d'habitude à 16h30. En quoi cette proposition remplit son rôle d'allègement des journées pour les enfants?

Bref, la précipitation et le démerdez-vous ne pouvaient faire de cette réforme qu'un échec. En même temps, l'Education Nationale n'est pas à sa première décision balancée à vue d'oeil. Lorsque qu'il y a quelques années le ministère a imposé une épreuve d'histoire des arts au brevet, les établissements et enseignants ont eu comme consigne pour la préparation : "l'organisation de l'épreuve est à l'appréciation de chaque établissement"... source là encore d'inégalités dans une République qui prône l'égalité des chances à l'école.

Si on veut être gentil et plaider un peu pour ce pauvre Vincent Peillon, on pourrait ajouter qu'au-delà des critiques sur sa réforme, il paie aussi les pots cassés d'une politique gouvernementale de plus en plus critiquée. Il pourrait sortir la meilleure réforme du monde que cela ne passerait pas au vu du contexte politique et social tendu.

Et l'avenir scolaire et professionnel des enfants dont on se fout...

Mais finalement, le plus important n'a pas été dit. Est-ce que les rythmes scolaires sont l'unique préoccupation du ministère, des parents, des enseignants et des médias? Hormis la hausse du nombre de personnel, tout le monde n'a parlé que de ça. Qu'est-ce qu'on attend pour parler du vrai sujet de préoccupation : l'avenir scolaire et professionnel des enfants? Car il faut croire que tout le monde s'en fout royalement. Pourtant, il y a eu récemment des éléments qui auraient pu permettre un vrai débat de fond sur la situation scolaire du pays. Je n'en citerai qu'un seul : les résultats de l'OCDE sur l'enquête PIAAC sortis le 8 octobre dernier. Les résultats sont décevants pour la France tant au niveau de la littératie que de la numératie. Même si ces résultats sont à analyser avec précaution – les plus âgés faisant baisser le niveau – il n'en demeure pas moins que la France est tout de même en dessous de la moyenne de l'OCDE. Et là, bizarrement, les médias ont moins bien relayé cette information contrairement aux rythmes scolaires et le grand public en a eu, de fait, peu connaissance.

Et c'est à chaque fois pareil à propos de l'Education Nationale, quelque soit le gouvernement, les vrais problèmes sont toujours mis de côté pour s'attarder sur des éléments mineurs et la responsabilité est collective.

Pour ce qui est de ces rythmes scolaires, on sait déjà ce qui va arriver : soit le ministre va reculer définitivement, soit (et c'est le cas le plus probable) le gouvernement va être remanié à la sortie des européennes ou municipales, laissant un autre ministre enterrer discrètement la hache une bonne fois pour toute...

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