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La culture par une nulle
11 novembre 2014

« Pas pleurer » de Lydie Salvayre

salvayre

L'auteur : Lydie Salvayre est née en 1948 à Toulouse de parents espagnols, républicains exilés. Après des études de lettres et de médecine, elle devient psychiatre. Elle commence à écrire à la fin des années 70 pour des revues littéraires. En 1997, son roman La compagnie des spectres obtient le prix Novembre (devenu aujourd'hui le prix Décembre). Son dernier roman Pas pleurer vient de recevoir le prix Goncourt 2014. 

Résumé :

Ce roman raconte la vie de la mère de la narratrice, Montse, qui a connu l'été libertaire de 1936 dans son petit village espagnol. Baignée par les idées révolutionnaires de son frère Josep, elle le suit dans sa fuite en août 36. De ce voyage elle reviendra enceinte et contrainte d'épouser Diego, révolutionnaire lui-aussi mais ennemi de Josep. Cette tension entre les deux hommes va monter crescendo jusqu'au jour fatidique qui obligera Montse à fuir l'Espagne.

En parallèle, la narratrice évoque aussi les sentiments de Bernanos, témoin direct de la guerre civile et des violences des nationaux, avec la bénédiction de l'Eglise, à Palma de Majorque. 

Mon avis :

Alors oui je sais, il est facile de parler du Goncourt. En même temps, pour ma défense, j'avais acheté ce roman bien avant qu'il obtienne le prix. Qu'il mérite ou pas le Goncourt (il y a toujours des fans et des détracteurs des écrivains couronnés), force est de constater que ce roman est plutôt une bonne surprise.

La première surprise est le style. Lydie Salvayre alterne une langue exigeante à un langage fortement fleuri truffé d'espagnol et de fragnol, langue française dont des mots sont hispanisés. On a pour exemple « une voix inolvidable » (inoubliable). L'ensemble peut décontenancer au premier abord ceux qui n'ont jamais eu contact avec la langue mais on s'accommode vite. La mère raconte tout à sa fille sans faire dans le politiquement correct ce qui donne au récit à la fois du tragique et du comique. On tombe ainsi sous le charme du roman et on regrette presque que celui-ci se termine en 1938. Les parenthèses à ce récit, sur Bernanos, donnent une vue plus directe sur les exactions commises par les nationaux et montre aussi comment un homme pourtant très catholique et plutôt défavorable aux républicains au départ, s'indigne et change d'avis. On peut cependant regretter le côté un peu manichéen que cet ajout apporte au récit, alors même que les souvenirs de la mère montrent bien que la violence était aussi très forte dans le camp (ou plutôt les camps) des républicains.

Et le Goncourt ?

Je suis très mal placée pour juger de la pertinence du prix Goncourt pour ce roman. Cependant, je suis au moins satisfaite que le prix récompense un roman vraiment accessible, contrairement à certains millésimes qui pouvaient laisser perplexe. Par exemple, des romans comme Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari (prix 2012) ou L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni (prix 2011) sont, pour moi, plutôt imbuvables.

Par contre, je regrette, qu'une fois de plus, on a une tendance à récompenser des romans qui ont une base historique. Certes, ce n'est pas à chaque fois le cas mais c'est fréquent. 

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